Voilà bientôt presque 10 ans que nous avons deux manières de visionner des vidéos sur Internet : le streaming et le progressive download. 2009 va être une année charnière car ces technologies sont amenées à fusionner. Ce billet retrace l’historique de ces technos et présente les nouveautés de l’année.
Avant…
Pour faire simple, le streaming permettait de se déplacer rapidement dans une vidéo (pratique pour des films ou des longs sujets). Il n’utilisait que la bande passante nécessaire et pas plus. C’est un protocole qui a donné lieu à des batailles entre grand éditeurs : Real, Microsoft, Apple et Adobe. Microsoft et Real ont introduit le multi-bitrate qui permet d’encoder une vidéo en plusieurs débits et de restituer le plus adapté en fonction des conditions d’utilisations (surtout le capacité réseau de la machine qui lit la vidéo).
Le progressive download est basé sur le protocole HTTP. Ce même protocole permet de visualiser les pages HTML, les images et éléments graphiques qui les accompagnent. Il a l’avantage de faire démarrer quasiment instantément les vidéos car il n’y a pas de négociation pour discuter avec le serveur. Tout le dialogue technique étant du HTTP, nul besoin de tester firewalls et autre protections techniques. Simplement, le progressive download est un téléchargement de fichier : dès que les premières données sont téléchargées, on commencent à lire la vidéo.
Aujourd’hui
Le succès des vidéos Flash en progressive download a eu pour effet de mettre au point des amélioration au protocole HTTP.
On ne peut pas se déplacer dans une vidéo qui n’est pas totalement téléchargée ? Peu importe, si le lecteur Flash se déplace, on appelle une autre vidéo qui elle démarre à la position demandé. Ainsi est né le déplacement (seeking) dynamique. Le plus connu est le projet PHP Streaming.
En HTTP, plus vous avez de bande passante, plus vous télécharger vite. Sans la capacité de se déplacer dans la partie non chargée d’une vidéo, il était intéressant d’essayer de charger le maximum de données rapidement possible. Maintenant, ce n’est plus nécessaire donc on peut artificiellement ralentir le téléchargement afin d’économiser de la bande passante (et donc de l’argent).
Tout ceci fonctionne aujourd’hui. On trouve aujourd’hui des solutions sur le marché pour découper des vidéos encodées avec les algorithmes Sorenson et On2/VP6 : un script de quelques lignes permet de faire l’opération. Maintenant les algorithmes de compressions sont devenus complexes et la démocratisation des H264 et VC-1 (qui n’est qu’un algorithme Microsoft Windows Media) sur le marché de la vidéo rend l’opération de découpage à la volée plus difficile.
Demain
Plusieurs constats : les protocoles de streaming n’ont plus les exclusivités fonctionnelles qu’ils avaient autrefois. Le délai de démarrage de la lecture d’une vidéo est même devenu un critère de succès pour un site pour ne pas faire fuir les utilisateurs [voir à ce sujet l’article de Day Rainburn spécialiste de l’industrie des vidéos : Why Is the YouTube User Experience So Poor?].
Les éditeurs doivent donc améliorer les choses en tenant compte que la tuyauterie d’internet permet maintenant de faire passer des vidéos à haut débit. Dans le même temps comment concilier des écarts entre ceux qui ont l’ADSL à 512 Kb/s et les récemment fibrés qui tournent à 50 Mb/s (soit 100 fois plus de débit!) ? Pourquoi aussi se limiter à l’Internet puisque ces technologies sont transposables directement sur d’autres marchés. Ils seraient bien malin de profiter du marché des consoles de jeux (voir billet Vidéo Flash en plein écran sur votre PS3) et autres boîtes tel que l’Apple TV. Autre erreur du passé à intégrer dans les nouveaux produits : la gestion numérique des droits (DRM) et leur interropérabilité. Enfin, la possibilité de regarder un évènement en décalé (time shifting).
Vaste programme!
Incontestablement les deux leaders aujourd’hui sont Adobe et Microsoft. Je met Apple un peu de coté car son écosystème est totalement fermé.
D’autres billets suivront pour entrer dans les détails mais d’ores et déjà vous pouvez voir de vos yeux une démonstration de chacune des offres :
- Microsoft qui abandonne le streaming Windows Media au profit de leur serveur web IIS équipé d’un Media Pack. Leur technologie Silverlight 2 combinée avec la gestion des droits PlayReady devrait offrir l’interopérabilité sur PC/Windows, Mac OS X et Linux. L’ensemble fonctionne donc avec HTTP et apporte le support de l’Adaptative Streaming (le débit du flux peut changer toutes les 2 secondes).
Démonstration ici : http://www.smoothhd.com - Adobe bénéficie du déploiement de son player. La version 10 a introduit pas mal de nouveautés donc les effets tri-dimensionnels. Pour compléter les nouveautés, la prochaine version du serveur Flash Media Server apportera le timeshifting et des flux « dynamiques » qui change en fonction des conditions d’accès au réseau.
Démonstration ici : http://www.streamflashhd.com
PS: Oui je n’ai pas parlé de l’open source qui il faut l’avouer n’a pas retenu l’attention dans le monde de la vidéo malgré la lueur d’espoir du format Ogg Video qui sera entre autre supporté par Firefox 3.1 et le HTML 5.