Pourquoi le Blu-ray a encore de belles années devant lui

Suite à un tweet de Manuel Angelini (lui même rebond d’un billet), voici un billet qui ne changera pas votre vie, ni celle Gartner.

Il est donc question des services type vidéo en ligne (Vidéo à la demande) versus le bon vieux format DVD et son successeur le Blu-ray.

Microsoft et Apple ont décidé de ne pas soutenir ces supports et vont même jusqu’à les qualifier de « défunts ». Je ne pense pas que ce soit un reflet de la réalité actuelle pour plusieurs raisons. Je raisonne depuis le vieux continent et plus particulièrement depuis notre vieille France.

L’offre VoD est médiocre

Contrairement aux Etats-Unis, terre de prédilection d’Apple et Microsoft, la France est pauvre en matière d’offre légale. Ces derniers mois se sont développées des offres de catch-up TV (télévision de rattrapage), permettant au téléspectateurs de revoir un film, une série ou un divertissement jusqu’à 7 (parfois 15) jours après leur diffusion.

Publicité dans le métro pour la télévision de rattrapage de Free

C’est volatile et pauvre : rarement le choix de la VO sous-titrée, pistes sonores en stéréo, débit vidéo anémique (quand il y  a 5 Mbits/s c’est le top) associé à une résolution faiblard ou 1080p juste pour coller l’autocollant qui va bien dans la réclame. A titre de rappel, le Blu-ray vous offre des debits oscillant de 40 à 80 Mbits/s.

Dernier point et non des moindres, le prix. Même Apple a du mal à négocier un épisode de série à 99 cents. En France, c’est généralement 3 à 7 € l’épisode. Pour les films, c’est un peu la même chose.

Le seul progrès notable, soulignons-le, c’est la presque synchronisation des sorties US avec la France, en version originale sous titrée.

Des réseaux de plus en plus restrictifs

Minitel - le prédécesseur d'Internet

LE débat autour de la neutralité, du financement des réseaux, de la stratégie des différents acteurs du marché. Ces derniers jours, on assiste à un étrange spectacle d’internautes remontant des problèmes lenteurs depuis leur connexion haut-débit.

Si l’accès aux offres VOD part déjà avec tous ces désavantages, s’il faut en plus être forcé de passer par les services proposés par son opérateur on tue tout potentiel d’innovation et force est de constater qu’on arrive à du minitel avec des images et des vidéos. Triste pour la culture !

Des écrans de plus en plus grand et en 3D

Avec la démocratisation des écrans plats (LCD comme Plasma) il n’est plus rare de voir des dalles de plus de 1 mètre de diagonale. Même avec une distance de visualisation raisonnable, une telle diagonale exige un encodage propre et bien calibré.

A l’usage, les flux vidéos des set-top-box tricolores reste dégradés. Quelques flux HD seulement sortent leur épingle du jeux mais ce n’est pas la panacée.

La 3D est arrivée récemment et rajoute une importante couche de données supplémentaires, aucun réseau n’est aujourd’hui raisonnablement capable de diffuser de la 3D de qualité, même sur la fibre.

La machine répressive est redoutable

L’arsenal mis en place pour lutter contre le piratage se prénomme Hadopi. Au delà d’une première vague de médiatisation où seuls les spécialistes comprennent réellement les enjeux du massacre, la seconde vague risque de faire des drames dans les familles où l’informatique est entrée dans le foyer par le petit dernier et ses copains d’école.

Plusieurs hypothèses plausibles vont se dérouler durant les mois qui arrivent :

  • Repli vers les tunnels cryptés type « VPN »
    Réservé aux plus expérimentés même si l’offre risque d’être très complète et aussi pleine de pièges
  • Méfiance générale vis à vis d’internet
    C’est le premier reflex de ceux qui ne comprennent pas le réseaux, ils vont  par crainte couper le cordon, et cela pourra faire tâche d’huile sur tous les services en ligne, y compris ceux légaux.
  • Repli vers les support traditionnel
    Et oui, les CD/DVD de la cour de récré reste un moyen évident d’échapper aux radars des sentinelles Hadopi. Le DVD risque de reprendre quelques lettres de noblesses et son successeur Blu-ray va en profiter.
  • Repli vers le marché de l’occasion des … DVD !
    A défaut de pouvoir financer des supports flambants neufs, la solution économique du troc off-line avec des sites comme PriceMinister voire même les petits annonces locales, risque de trouver un second souffle.

Ce qui est certains, c’est qu’une partie des consommateurs de vidéos, films, série, reportage, vont devoir changer leurs habitudes. En résumé, la France devient le laboratoire d’une expérimentation inédite et forcée à l’échelle de 60 millions de consommateurs et plus particulièrement de plus de la moitié utilisant Internet…

Et vous qu’allez-vous faire ?

2 Comments

  1. Pascal

    De toute façon, la grande majorité des gens regardent aujourd’hui leur film sur leur télévision, le support DVD et Blu-ray étant les plus utilisés.

    Je vois assez mal la VoD prendre le pas à court terme sur les support tels que le blu-ray pour les raisons déjà évoquées dans cet article.

    Globalement, il y a encore trop de barrage entre la « l’usage » de la télévision et les innombrables problèmes liés à la VOD en général (droits, codecs, formats, qualité, capacité des réseau, etc…)

    Sachant que dans tous les cas, les problèmes de négociations de droits pour les distributeurs de VOD sont tels qu’ils n’ont accès chacun qu’à un partie des catalogues de films disponibles en vente, et chaque distributeur ayant ses moyens de diffusions, sont interface, sa technologie … et au vue du marché ce n’est pas prêt de changer.

    Longue vie au Blu-ray ! =p

  2. yl

    Le problème du BR, c’est que c’est véritablement un format digne de la location… mais proposé à l’achat!

    En effet, le format prévoit la révocation de clef de décryptage… à un changement de firmware (possiblement rendu nécessaire pour lire un nouveau titre… et d’anciens pourraient alors ne plus fonctionner!) ou à l’insertion d’un BR incluant des révocations de clef à destination du lecteur (conséquences possibles idem: d’anciens titres kaputt)!

    Reste alors le DVD… lu sur une PS3 dont l’uscaler fait quand même un bon boulot jusqu’à 42″, pour moins de 300€. En prime, on peut alors y lire des BR loués: Ainsi le contrat est clair et comme ce format ne vaut pas d’y investir vu son caractère révocable.

    Un autre élément fondamentalement mauvais pour le BR: En temps que support informatique, les ayants droits l’on tué avec la taxe copie privée, particulièrement élevée pour un média inscriptible de cette capacité, avant même qu’il ait eu le temps de perçer.

    L’informatique se retrouvant de plus en plus au coeur d’une installation home-cinéma, on peut dire que c’est un peu pour l’industrie du cinéma avoir coupé la branche sur laquelle elle est assise!

    Pourtant, comme vous le sous-entendez, nos réseaux actuels ont des débits insuffisants pour que le partage de gros fichiers HD (et plus encore 3D) encodés proprement soit un vrai problème. Ce qui n’est pas le cas de DVD/SD encodés très proprement en H264 (merci les progrès depuis le mpeg2), quasiment sans perte, sur 1 à 1.5Go selon la durée.

    Tuer (doublement) le nouveau format qualitatif… pour repousser les consommateurs vers des DVD aisément partageables sans perte grace aux progrès de l’encodage. Non, vraiment, c’est stupide!!!

    Pour toutes ces raisons, j’ai un avis plus mitigé que le votre:
    -Le DVD va peut-être revenir un temps avec nos hadopistes, le temps que les gens s’adaptent (même le DPI n’est pas infaillible: Tous les network processor ont des logiques de pattern-matching limitées en nombre de comparateurs et en offset dans la trame: en général les 256 premiers bytes… résolus par une évolution simple des protocoles P2P faisant un peu de bourrage sans même devoir chiffrer les flux!).
    -Le BR ne percera jamais vraiment.

    Au besoin, il restera le U2U: Usb2Usb… qui sera très rapide avec l’USB3 et a déjà bien cours (de récré), pour lequel les reseaux engorgés et surveillés ne seront pas un pb. En prime ce sera convivial!

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