La technologie Flash a toujours suscité nombre de positions. Depuis quelques années maintenant, cet outil permettant de dépasser les limites du web s’est vu challenger principalement par Javascript (AJAX et ses kits comme JQuery) et HTML5. Microsoft a décidé cette semaine d’emboîter le pas d’Apple en décidant de ne plus préinstaller Flash dans son futur Windows 8.
Cette décision est justifiée avec des arguments qui parfois se tiennent, d’autres parfois frisent le ridicule comme le pretexte de la sécurité.
Microsoft suit donc Apple qui avait ouvert le débats avec des MacBook Air livrés sans plugin Flash en novembre 2010, sans compter le système iOS, lui complètement dépourvu de Flash natif.
Flash n’est pas bon pour l’autonomie
Microsoft et Apple évoquent le problème d’autonomie diminuée à cause de la surconsommation de ressources CPU. C’est un fait. Même si Adobe a fait des efforts, certaines applications Flash s’avèrent très gourmandes et mettent facilement à genoux des ordinateurs un peu vieillissant. Il reste aussi une part de responsabilité aux développeurs, généralement peu soucieux des performances, fautes aux contraintes de temps et de budget. On pensera notamment aux publicités en ligne, souvent inutilement sur-cadencées.
L’expérience la plus flagrante est d’installer un plugin comme AdBlock et ainsi constater comment l’expérience de navigation sur Internet est différente !
Maintenant, cette même expérience prouve aussi que le Flash utilisé modérément est un bon outil, d’ailleurs la majorité des sites de vidéos de la planète reposent dessus ! Les expérimentations HTML5 sont prometteuses mais pas encore assez satisfaisante pour des conditions de production confiait YouTube sur son blog. Les vidéos sont maintenant accélérées par les cartes graphiques, ce qui rend la consommation de Flash bien moins importante.
Les standards HTML 5, CSS, Javascript
Selon Microsoft, cette décision serait justifiée car les normes d’aujourd’hui permettraient de se passer de Flash.
Pour certains besoins, c’est vrai.
Les fabricants de nos navigateurs – Apple, Mozilla, Google, Opera – se livrent à des batailles à coup d’histogrammes et de benchmarks, exactement comme dans l’industrie du hardware.
L’innovation est donc importante, et les technologies standardises telles que Javascript et CSS n’ont jamais été aussi performantes.
L’argument se tient à mon sens pour ce qui est animation simple dans les pages HTML 5. Le choix va donc pousser naturellement les webmasters à continuer leurs efforts dans ce sens. Cela va redonner une certaine universalité au web, tout comme il l’était avant l’apparition des plugins propriétaires.
Les impacts de cette décision
Les secteurs de la publicités en ligne et ceux de la vidéo vont être les premiers impactés par la décision de Microsoft.
Pour la publicité, le marché est assez complexe mais souvent déjà bien organisé techniquement pour utiliser du Javascript qui affiche soit une version Flash soit une version image animée (souvent GIF). Du fait de la complexité du parc des navigateurs installés, il y a fort à parier que cette solution va persister, le temps qu’HTML5 dispose d’outils matures comme l’a fait AJAX avec le Javascript.
Sur la partie vidéo, c’est beaucoup plus compliqué, la bataille des codecs (algorithme de codage/décodage de vidéo) fait toujours rage au niveau des navigateurs et des systèmes d’exploitation. HTML5 ne résoud rien car il ne prend le partie d’aucune solution. Celles les plus ouvertes sont le progressive download, le format HTTP Live Streaming (HLS) instauré par Apple et pour lequel Google promet un support partiel à partir d’Android 3 (Honeycomb). L’autre piste tourne autour du cousin d’HLS nommé MPEG DASH (Dynamic Adaptive Streaming over HTTP).
Si on ne sait pas comment réagiront les internautes, il y fort à parier qu’une partie d’entre eux souhaitant accéder aux vidéos sur la toile installeront d’eux même le plugin d’Adobe. D’autres seront frustrés et partiront sur les sites les plus offrants.
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Microsoft avait déjà semé un pavé dans la marre en apportant un soutien à HTML5 alors qu’il y a un plugin maison nommé Silverlight. Ce dernier n’a toujours pas su rivaliser avec Flash, toujours très en avance en terme de pénétration de part de marché. Internet Explorer quant à lui, subit une érosion de ses parts de marché, maintenant en dessous de 40%. De son coté Google avait fait le choix de réunir Chrome et le plugin Flash pour justement améliorer la sécurité de ce dernier. L’intégration avait été aussi plus poussée coté Firefox.
En défendant HTML5 et en luttant ainsi contre Flash, Microsoft cherche à redorer son blason sur le web, c’est indéniable. Les puristes apprécieront.
Maintenant, quelles solutions Microsoft va-t-elle promouvoir pour la vidéo ? C’est un secteur en pleine explosion et hautement stratégique. Dans sa division logicielle à destinations des professionnels, elle a commencé à se diversifier avec la possibilité de diffuser des vidéos au format HLS, juste après s’être révisé en faveur du codec H.264 et après avoir poussé le codec maison VC-1. La vidéo représente une partie importante de l’arsenal Microsoft, au même titre que la protection DRM nommé PlayReady qui s’appuie sur … Silverlight qui lui aussi sera évincé par défaut de Windows 8.
Au final, c’est le consommateur qui va devoir télécharger et cliquer et faire des installations. Est-ce réellement un progrès ?