J’ai récemment pris connaissance du site Don’t Make Me Steal (Ne m’obliger pas à voler – que j’appellerai DMMS). L’initiative est louable, je pense que nombre d’amateurs de séries et de films se reconnaîtront, au moins parmi quelques points.
Personnellement, je pense que le modèle SVOD / licence globale derrière la proposition 5.3 (je peux facilement comprendre mes droits vis-à-vis des films que je loue, achète ou stream avec un abonnement illimité) est loin d’être idéale, on le voit clairement avec Deezer/Spotify.
A défaut, je prends le clavier et ce billet sera sous la forme Creative Commons BY 2.0, ainsi on pourra le copier librement ailleurs et le modifier comme on veut. Si quelques volontaires souhaite monter une association, un chemin long, fastidieux mais certainement positif pour le dialogue des acteurs du secteur, qu’il se sente pousser des ailes.
Pour les pressés, aller directement à la synthèse des propositions à la fin du billet.
Plus le temps passe (et presque rien ne change), plus il devient urgent pour les gens de l’autre coté de la barrière – les ayants-droits (AD) en tête – comprennent l’offre qu’aimeraientt trouver les gens dans leur salon, depuis leur chambre d’étudiant, derrière leur clavier.
Fût une époque pas si lointaine où les gens autour de moi étaient fiers de revenir chez eux avec un CD ou un DVD. Aujourd’hui, ces formats sont socialement devenus ringards et aucune plateforme n’a réellement bonne presse. Oui, les gens en arrivent à dépenser pour accéder à des plateformes comme feu MegaUpload, et re-oui, les sommes versées (une soixantaine d’euros) sont insuffisantes. A l’opposé, dépenser dans du matériel home-cinéma, dans des galettes DVD/Blu-Ray et en cinéma, coûte cher.
Subscription VoD (SVoD) versus consommation à l’acte
Ces deux modèles font débat. Le modèle à l’acte est certainement le plus rémunérateur surtout si l’on regarde ce que touchent les artistes via les systèmes d’abonnement Premium comme Deezer ou Spotify. C’est aussi un modèle défendeur par Apple et son fondateur Steve Jobs : chaque oeuvre doit être rémunérée.
Pourquoi ne pas dynamiser les modèles à l’acte comme dans la distribution classique ? Les idées ne manque pas :
- lot de films (3 pour 30 €)
- abonnement jusqu’à y films par mois (aux plateformes de VoD de prendre les risques calculés),
- modèle à étage (jusqu’à 10 films/mois pour 100 € puis 50 € les 10 films suivants) ?
La fraîcheur et la taille du catalogue
Contrairement aux Etats-Unis ou le marché de la vidéo est plus créatif en terme d’idées (regardez HBOGo, ou UltraViolet), la France est dotée de mécanismes complexes que peu d’entre nous sont à même de comprendre. Une simplification des dates de disponibilité et des supports s’impose pour regagner la confiance des consommateurs.
L’idée d’avoir une sortie mondiale (DMMS #4.1) est séduisante mais me paraît compliquée mais intéressante. Pourquoi ne pas la garder sous forme d’exception ou de quota ?
Il gaut garder en têtre que de nombreux métiers qui se sont créés ces derniers décennies : la vente de film sur support physique, les loueurs -physiques ou en lignes-, les chaînes de télévision Premium comme Canal+. A cela est venu s’ajouter les offres de VoD puis les abonnements type SVoD. Faire table rase de cette hiérarchie complexe nécessite des arbitrages. Comment faire ? Tout allant plus vite aujourd’hui, l’exploitation d’une vidéo devrait être plus proche de celle d’un jeu vidéo que d’une VHS. Quelques semaines en exclusivité au cinéma puis une mise à disposition DVD/VoD simultanée. Après tout DVD et VoD sont équivalents non ?
La qualité
Les amateurs de musique et de vidéos (films, série, documentaires…) ont vu d’énormes changements ces dernières années : avènement du CD-Audio, puis le DVD jusqu’à encore récemment le Blu-Ray pour la haute définition. Avant cela, on s’épuisait les yeux sur des VHS et sans parler de nos oreilles (laissons de coté le vinyl :)
Sans vraiment que personnellement je comprenne pourquoi, on a fait un retour en arrière avec les MP3 et films disponibles en VoD, idem avec la télévision par ADSL. Qu’on soit dans l’offre légale ou dans l’hypothèse d’un film « piraté », le résultat était une catastrophe : basse résolution, une seule bande son en stéréo, pas de sous-titre.
Ces dernières années, les distributeurs et ayant-droits ont commencé à comprendre cela et on trouve maintenant (enfin !) les films en HD à la location ou l’achat. Mais l’expérience est très loin d’égaler le DVD ou le Blu-Ray car il manque souvent des pistes audios, des pistes de sous-titres (critères #2 de DMMS) et les bonus ne font quasiment jamais parti de l’offre.
Mais quel est le problème ? Vous avez certainement entendu des réponses comme cela :
- le haut débit n’est pas assez développé, il faut que « ça passe » partout
- les machines pour lire le film ne seront pas assez puissante
- ça coûte trop cher à diffuser en bande passante
- bref, c’est trop compliqué…
- haut débit ou pas, les solutions non légales trouvent preneur, non ?
- les magasins comme la FNAC sont remplis de petits boîtiers capables de décoder des films en HD pour moins de 100 €. Même les box internet et les téléviseurs savent le faire !
- Oui là en fait non, c’est incomparable avec les coûts d’une galette, packaging etc… – incomparable
- Ca ne viendra pas tout seul à coup de loi en « i »… il faut faire un effort, un client ça se mérite !
Lisibilité
Trouver un film à acheter ou à louer reste un casse tête :
- Clavier virtuel pas pratique sur les TV, consoles ou box
- Pas de recherche universel sur la télévision
- A l’inverse sur le web où Allociné et MySkreen tente de cataloguer le maximum d’oeuvres, c’est Google qui fait office de première étape bien souvent avec une pollution des résultats. Un sujet visiblement étudié de près à l’Hadopi.
Le prix
Vaste sujet, regardons les coûts de produits similaires ou connexes
- Les abonnements musique Premium : 10 € par mois
- Un abonnement à Canal+ : 40 € par mois
- Un DVD/Blu-Ray fraîchement sorti : 15/20 €
- Un DVD/Blu-Ray plus ancien de quelques mois seulement peut tomber à 5/10 €
- Abonnement Premium MegaUpload : 5 €
Les prix de la VoD sont entre 5 et 8 € un film en location. Et entre 10 et 15 € un film à l’achat. Beaucoup moins qualitatif, impliquant beaucoup moins d’intermédiaires (pas de gravure, d’emballage, de transport, étiquettage, mise en rayon).
Quel serait le juste prix ? Pour démarrer je dirais entre 50 et 100 € par mois. C’est l’équivalent de 5 Blu-Ray, ça vise le marché haut de gamme, à l’image de toutes les nouvelles technologies sur le marché. Certains critiqueront qu’une telle offre est inaccessible. C’est toujours mieux que rien du tout, c’est aussi le prix d’une sortie à quatre personnes au cinéma.
En résumé
- Catalogue : un catalogue large et frais, au diable la chronologie des médias d’un autre siècle
- Qualité : Haute Définition (off et on-line), pistes audio DTS voire plus, sous-titres (au minimum le français !)
- Positionnement/prix : visez haut de gamme, entre 50 et 100 € par mois
- Gestion des droits : simplifier et réguler les offres (les labels sur un site inconnu ne suffisent pas)
Et vous quelle est votre offre idéale ?
Mission Lescure, projet de fusion CSA et ARCEP « Digital adventures
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