Dans une reprise d’une dépêche AFP, Le Monde a fait écho d’une petite phrase très mal venue de la part d’Eric Besson, nouveau Ministre chargé de l’économie numérique.
Qu’en est-il dans la vraie vie des vraies gens ?
Sur l’article du Monde, on peut ainsi lire :
[…] des sociétés comme « Google ou Facebook » ne contribuent « d’aucune manière à leur financement » alors qu’elles « occupent une place sans cesse croissante sur ces réseaux »
Manifestement, l’équipe du nouveau Ministre est mal renseignée. Google, Facebook et tous les acteurs, petits et grands, contribuent au financement des réseaux à plusieurs niveaux. Le premier étant leur frais d’instructure : servir des contenus n’est jamais gratuit. Il faut non seulement des tuyaux mais aussi des ressources pour produire et gérer ces informations.
Et quand le secrétaire d’état ajoute :
« Ces sociétés sont basées dans des pays étrangers, ne paient aucun impôt en France, et occupent dans le même temps des positions très dominantes sur le marché français »
J’ai juste envie de demander si la position du gouvernement est la même vis à vis d’un champion français qui s’exporte à l’extérieur de nos frontières ? A tout hasard un Dailymotion ou Vente-Privée ?
Conseil National Du Numérique
Avec la fin du Forum des Droits sur l’Internet (FDI), nous avons eu droit à l’annonce d’un Conseil National du Numérique. Ce conseil aura parmi ces membres le PDG de Priceminister, lui aussi incontournable du paysage internet Français.
Le rôle consultatif de ce Conseil pourrait donc être positif pour l’économie numérique compte-tenu des catastrophes comme Hadopi. Des questions se posent cependant :
- Comment garantir la représentativité du Conseil ?
- Quid des services consommés par les français qui sont opérés par des sociétés étrangères n’ayant pas les ressources pour participer correctement à un tel conseil ?
- Comment ne pas sourire en pensant que chaque pays d’Europe (du monde) se met à créer son propre Conseil ?
Beaucoup de questions.
Je reste dubitatif quand à l’énergie qui va être dépensée dans un tel Conseil. Son nombrilisme franco-français dès le départ, complètement opposé à la nature ouverte de l’Internet, me font penser qu’il faut raisonner différemment, humblement. La population et l’économie en ligne française sont qu’une petite partie d’un vaste ensemble qui suit son chemin en respectant les lois de chaque pays. Où est donc le problème ?
Trigone
Affirmer que Google (entre autres) ne contribue pas au financement des réseaux, c’est d’une telle stupidité que les bras m’en tombent. Comment un ministre chargé de l’économie numérique est-il capable de sortir des non-sens pareils avec un tel aplomb, et devant des médias qui vont tout répéter comme des moutons sans en vérifier une ligne ?
Je n’ai pas d’actions chez Google, mais il est bien EVIDENT que les millions de dollars qu’ils dépensent chaque année pour déployer et maintenir leurs gigantesques data centers à travers le monde est une énorme contribution au développement du Net sur la planète. Sans compter les avancées technologiques, qui profitent au final à tous.
Bien sûr, ces data centers servent avant tout les données des services Google. Mais quoi, quand on sait que leur moteur de recherche est l’outil le plus utilisé au monde par les internautes (sans parler du reste — gmail, gmaps, gdocs et compagnie !!), il suffit d’avoir un cerveau pour comprendre les retombées directes et indirectes de ces investissements privés sur les performances et les évolutions du réseau public mondial !
M. Besson, la prochaine fois, laissez à un professionnel des NTIC le soin d’écrire vos discours plutôt que faire confiance aux gratte-papier de votre cabinet, dont l’objectif premier est de pondre un charabia politico-marketing qui va « bien passer à la télé » et flatter les bas instincts du « peuple » avec des raccourcis douteux (laissez ça au FN !)…