Cette merveilleuse loi qu’est Hadopi, si elle s’appliquait, toucherait directement les pirates en culotte courte jouant à la Nintendo DS et plus largement tout ceux s’intéressant pas à l’actualité et qui ne prennent pas les précautions nécessaires pour protéger leurs équipements informatiques. Des internautes lambda, de tous les jours. Ceux qui cliquent, ceux qui font des achats occasionnels, ceux qui surfent sur des sites d’actualités, ceux qui consultent des YouTube et autres MySpace.
Psychose
Quelle psychose l’Hadopi va-t-elle répandre dans notre beau pays ? Il y a fort à parier que la Haute Autorité soit rapidement populaire. Si populaire qu’elle pourrait éloigner les internautes de leur clavier. Imaginez, les plus jeunes qui, rapidement, vont voir leur parents accusés de piraterie après avoir reçu le fameux email. Le doute va s’installer : tu es désormais interdit d’ordinateur ! Pire encore, l’Hadopi pourrait réussir son effet chez les adultes accusés : leur faire peur à chaque utilisation d’internet en ainsi transformer ce formidable outil sans frontière en un vase clos qu’on appelle le Minitel 2.0.
Bienvenue en France, bienvenue au pays de l'(in)économie numérique.
Sans doute que la Haute Autorité a prévu un budget conséquent pour l’aspect pédagogique. Vu le faible budget octroyé au Forum des Droits sur l’Internet qui édite régulièrement des brochures destinées aux plus jeunes, j’ai comme un énorme doute.
Un cercle vicieux
Plus généralement, le téléchargement illégal prend source dans le marketing que nous subissons tous les jours. Qui n’a pas envie d’acheter, de consommer devant une publicité ciblée ?
Il n’y a pas si longtemps, pour consommer un peu de loisir un foyer payait :
- ses impôts (redevance télé)
- son électricité
- son téléphone fixe
- un CD audio et une VHS/DVD de temps en temps
- pour les plus chanceux un abonnement à un bouquet câble/satellite
De nos jours il faut ajouter
- les abonnements aux opérateurs mobiles, un pour chaque membre de la famille
- l’abonnement à internet (quia rendu inutile l’abonnement à la téléphonie fixe – mais pas systématiquement)
- et pour utiliser tout cela, les baladeurs MP3 et autres ordinateurs
Un foyer moyen n’a jamais été aussi tenté et surtout n’a jamais été aussi juste dans ses moyens financiers. Ne faut-il pas voir ici une logique ? Personnellement j’en vois une. Et je crois les études qui indiquent que les téléchargeurs sont aussi les payeurs et qu’inversement les téléchargeurs qui n’ont pas les moyens n’achèterons pas plus sous le régime Hadopiesque.
Des solutions
Je partage les avis de ceux qui pensent que la licence globale (sorte de redevance Internet en plus des diverses taxes sur les supports de stockage et autres appareils multimedia) n’est pas une solution idéale. Cette solution va à l’encontre de l’innovation. Que le meilleur gagne, les clients ont tout à y gagner. Maintenant comment se sortir de l’ornière ?
Peut être qu’il faut regarder du coté des prix, beaucoup trop élevés, même à 10 euros l’album ou à 7 euros le film en haute définition visionnable 24 heures. Sans doute qu’il faut diversifier les principes d’abonnement, rendre les plateforme plus opérables entre elles. Ce ne sont que des pistes…
Dans le même genre, je vous recommande quelques lectures :
- PC Impact : Un avocat accuse la Suisse d’être le paradis de la collecte d’IP
- NewTeeVee : Que va-t-il se passer après l’affaire Pirate Bay ? [article en anglais]
- Suivre les débats en direct à partir du site de l’Assemblée Nationale
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